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Et voici l’hivers ! Presque toutes les plantes sont cachées pour se protéger du froid, et voilà que l’envie d’aller faire un tour me titille. Shoes on ! Direction les failles sismiques de Chantemerle les Grignans.

Voilà donc que je me promène, m’extasie devant la moindre petite herbule qui pointe, j’avance, je recule et … je me pique les fesses !
Et oui, tout le monde ne disparaît pas en hivers. Et les espèces du genre Juniperus n’ont rien perdu de leur piquant.
Dans la Drôme, le genévrier est relativement répandu. Mais en réalité, ils sont deux ! Le genévrier commun et le genévrier oxycèdre , plus souvent connu sous le nom de Cade.
Savez-vous les reconnaître ?

 

Genévrier commun (Juniperus communis)

Le genévrier commun est un arbuste de 2 à 10m de haut qui croît dans presque toute la France. Il se trouve dans les landes, les bois clairs et secs, sur les terrains incultes ou dans les montagnes. Son port est variable. En fonction des conditions environnantes, il est dressé, large ou cylindrique.

Ses aiguilles sont par trois , elles font 1 à 2 cm de long , et elles présentent une raie blanche centrale . Son feuillage est très aromatique lorsqu’il est écrasé.
Ses fruits sont consommés uniquement par l’homme, aucun autre animal n’y touche ! Ce sont de petits cônes bleus-noirs à l’aspect pruineux, qui ressemblent un peu à des grains de poivre. Il leur faut 2 à 3 ans pour arriver à maturité.

Utilisation thérapeutique : le genévrier commun est connu depuis l’Antiquité pour ses propriétés antiseptiques et diurétiques . On utilise principalement les baies, le bois, les feuilles et son essence, obtenue par distillation des baies à la vapeur. Ses principaux composants sont la juniperine et l’huile essentielle (contenant bornéol, isobornol, cadinène, pinène, camphène, terpinéol, alcool terpénique …)

En usage interne, on utilise surtout les baies pour leur action stomachique, et diurétique . Elles peuvent être utilisées comme condiments (dans la choucroute!), en infusion, en teinture mère ou extrait aqueux, ou même sous forme de sirops ou de vins. Elles ont des propriétés anti-diabétiques et elles seront très utiles à ceux qui ont de l’arthrose, des rhumatismes ou des maux de reins et de la vessie (précisément par cette action diurétique).

Vu son action réchauffante, il est déconseillé de dépasser 15 à 20 grains par tasse d’infusion. Des doses trop fortes ou trop fréquentes peuvent finir par épuiser les reins et créer de sérieux troubles rénaux. Avec consommer donc avec modération !

Les bains de genièvre peuvent parfois donner des résultats spectaculaires pour les problèmes de rhumatismes et d’arthrites.

Note : la baie de genièvre est l’un des composants de base de nombreux alcools et eaux-de-vies. Pour ne citer qu’eux : le Gin anglais, l’esprit de Genièvre (Wacholdergeist ou Steinhager) allemand, ou le Peket belge.

Genévrier cade (Juniperus oxycedrus)

Le Cade, aussi appelé oxycèdre, ou « petit Cède » fait lui aussi entre 2 et 15m. Contrairement à son proche parent commun peu regardant sur le climat, le Cade aime le chaud les sols pierreux et sableux des garrigues et du maquis des régions méditerranéennes.

Son nom lui vient de l’Antiquité, époque à laquelle les espèces arborescentes de genévrier étaient appelées « cèdre ». Ses feuilles ont également la forme d’épines raides disposées par trois. Elles présentent deux raies blanches sur le dessus et sont plus grisées que celles du genévrier commun.

Ses baies sont plus grosses (1cm de diamètre) et brun-rouge lorsqu’elles arrivent à maturité. Il leur faut également 2 ans pour arriver à maturation.

Utilisation thérapeutique : le Cade en phytothérapie est utilisé pour ses propriétés antiseptique et cicatrisante . Elle est préconisée dans les cas d’eczéma, de psoriasis, de kératoses, ou pour réguler les dermites hyper-séborrhéïques du cuir chevelu (i.e. quand les cheveux gras irritent la peau du cuir chevelu)

L’huile de Cade : Comme son nom l’indique, c’est cette espèce qui fournit l’huile de cade . Cette huile est également utilisée contre les dermatoses et les névralgies dentaires. C’est un traitement d’appoint du psoriasis et des dermites séborrhéiques mais on fera attention à la diluer avec d’autres huiles avant d’en faire un usage direct sur la peau. Un usage prolongé peut avoir des effets cancérogènes.

Par ailleurs, elle est considérée traditionnellement comme un répulsif efficace de rongeurs et d’insectes à cause de son odeur un peu forte. Elle est notamment utilisée au Maroc contre la gale.

Elle est obtenue par distillation sèche, lente et à l’abris de l’air. On utilise essentiellement le bois des vieux arbres, des grosses branches et des racines. Le rendement peut atteindre 30%. Attention aux origines, car elle peut être falsifiée.

Diagnose comparative

Genévrier oxycèdre(Juniperus oxycedrus)Genévrier Commun(Juniperus communis)
Se trouve principalement dans les garrigues et les maquis (sud de la France)Possède des aiguilles gris-bleutés, avec deux traits blancsSes fruits sont de la taille d’un bille et sont rouges à maturitéSe trouve partout en France
Possède de aiguilles bien vertes avec un seul trait blancSes fruits sont de la taille de gros grains de poivres, bleus noirs à maturité

Un troisième larron, Juniperus sabina L.

Si vous montez dans les espaces montagnards, vous tomberez peut-être nez à nez avec la Sabine . Elle fait également partie de la famille des Juniperus. C’est un arbrisseau touffu qui dépasse rarement 3-4 mètres, il préfère ramper au sol.

Contrairement à ses cousins qui ont des feuilles sous forme d’aiguilles piquantes, la Sabine possède de petites feuilles lâches imbriquées sur 4 à 6 rangs. Leur forme est ronde (rhomboïdales, convexes et glanduleuses sur le dos).

Ses fruits sont bleuâtres-gris à maturité avec une chair très résineuses et assez molle.

Tout parait plus doux chez ce Juniperus Sabina, pourtant ne vous y trompez pas ! Son nom populaire est « la tueuse d’enfants ». C’est le seul conifère réellement vénéneux. Son huile essentielle est corrosive et elle provoque de sérieuses hémorragies . C’est un abortif puissant , d’où son sur-nom !

Sources et références :

Botanique médicale, Bernard Vial, éd. Similia

Les indispensables Delachaux, 350 arbres et arbustes, Margot et Roland Sphon, éd. Delachaux et Nestié

Traité pratique et raisonné de l'emplois des plantes médicinales indigènes. Texte (éd. 1850). François-Joseph Cazin

L'Aromathérapie, se soigner par les huiles essentielles. Dr Jean Valnet. éd. MaloineSA. Le livre de poche.
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