L’ortie ! Voilà une plante qui ne fini pas de m’intriguer. Elle est présente absolument partout et pourtant, qui peut se vanter de véritablement la connaître ?
En ce qui me concerne, j’étais en vacances dans le massif central avec des amis. Le temps étant clément, nous avions décidé d’une escapade à vélo pour profiter du soleil dans les collines. Une incarnation de carte postale bucolique. Jusqu’à ce qu’en bas d’une pente, je rate un virage et là patatra. Me voici fesses en l’air et tête en bas, en roulé boulé dans le fossé !
Adieu grâce ! Adieu fierté !
C’est un tapis d’orties brûlantes qui a réceptionné ma chute. Leur hauteur a généreusement dissimulé mon ridicule aux yeux de mes amis, mais leur étreinte m’a fait monter le rouge au joues. Rouge de honte? Pas du tout !
Quelques heures après cette embrassade, il a fallu n’emmener d’urgence chez le médecin car je me transformais en troll des montagnes. L’acide formique et les histamines m’avaient mis le feu et des cloques apparaissaient partout sur ma peau. Douches, air frais, anti-histaminiques… rien n’y faisait. Il m’a fallu attendre 24h pour pouvoir espérer remettre un tee-shirt. Depuis ce jour, je vis un amour vache, passionné pour cette plante aussi généreuse que piquante.
Grande ou petite ortie, quelle différence ?
L’ortie, tout le monde s’y est piqué un jour… nul besoin de vous la décrire n’est-ce pas ? Si vous avez un doute, il suffit de la toucher. c’est une incontournable de nos jardins.
Elle accueille de nombreux insectes et des papillons, et s’adapte à tout type de sol pourvu qu’il soit assez riche et azoté. La grande ortie (Urtica dioica) et la petite ortie (Urtica urens) diffèrent très peu.
De l’extérieur, leurs feuilles ovales, pointues et dentées sont les mêmes. Cela dit, la grande ortie porte bien son nom et peut monter à plus d’1 m de hauteur. La petite ortie elle, dépassera rarement les 50 cm.
Une autre différence concernant ces deux plantes est leur système de reproduction.
La petite ortie est dite ‘monoique’, c’est à dire qu’elle n’a qu’un seul sexe : les organes mâles et femelles sont tous les deux présents sur la même plante. Dans son nom latin, « urens » vient de ‘urera’ qui signifie brûler, d’où son autre nom d’ortie brûlante.
La grande ortie est quant à elle ‘dioique’. Cela signifie qu’il existe des plants mâles et des plants femelles. On retrouve cette particularité dans son nom latin.
Pourquoi l’ortie pique-t-elle ?
Que l’on parle de la grande ou de la petite, l’ortie pique ! Pourquoi ? Parce qu’elle défend le trésor qu’elle renferme avec des poils de silice chargés en acide formique et en histamines.
Et oui ! Vous avez bien lu : de l’acide formique. Le même que les fourmis ou les abeilles utilisent pour se défendre contre les agresseurs. Dans le cas de l’ortie, il s’agit également de se défendre, mais elle le fait d’une autre façon.
Partout sur son corps, elle possède des poils urticants. Ces poils sont en fait des cellules allongés, dont la parois a été renforcée par la silice. Ils sont longs, effilés, coupants et pénètrent facilement dans la peau comme des aiguilles microscopiques.
Hypersensibles, au moindre mouvement ils se brisent pour libérer l’acide formique et les histamines contenu dans les poches de réserves : les vacuoles. Et alors là, gare aux brûlures et aux démangeaisons.
Si comme moi vous vous faites piquer, vous pouvez nettoyer à grandes eaux. Mais si vous avez la possibilité il vaut mieux se garder de leur contact en utilisant des gants.



A quoi sers l’ortie en phytothérapie ?
En phytothérapie, l’ortie est un super aliment. Une véritable potion magique!
Tout d’abord, les feuilles de l’ortie sont extrêmement riches en minéraux (fer, silice, calcium, potassium, phosphore, magnésium, teneur de plus de 20%) ce qui en fait une très grande minéralisante. Elle est alors toute indiquée en cas de carences, de convalescence, de fatigue … mais aussi lorsque le corps présente un terrain acide ou inflammatoire. Les minéraux contrebalancent le déséquilibre acide du terrain.
Elle est également riche en vitamines A et vitamine C.
Sa chlorophylle a une très grande affinité avec le sang. En effet, sa structure moléculaire en bout de chaîne carbonée diffère très peu du hème sanguin ! Le fer, qui se trouve au centre de la molécule d’hémoglobine, est remplacé par le magnésium dans la molécule de chlorophylle. Une augmentation de chlorophylle dans notre organisme induit donc naturellement la production d’hémoglobine sanguine (=hématopoïèse). C’est donc une plante idéale en cas d’anémie, car elle permet de capter et retenir le fer.
Par le passé elle était l’une des sources de chlorophylle utilisée par les industriels.
Les feuilles ont une importante action diurétique, hépato-protectrice et anti-oxydante. Elles dévient préférentiellement les toxines vers les reins et accélèrent leur évacuation. C’est un important dépuratif du sang qui permet de réduire notamment les problèmes de peau (acnée, eczema…), et les pathologies inflammatoires dues à l’accumulation d’urée, d’acide urique et de chlorure dans les articulations. Elle est donc tout à fait indiquée dans les cas de rhumatismes, artériosclérose, …
Enfin, elles ont un effet hypoglycémiant par inhibition de l’absorption intestinale de glucose et la stimulation de la sécrétion d’insuline via les ilôts de Langerhans.

La racine d’ortie quant à elle a également montré des propriétés étonnantes dans les problématiques liées à la prostate. En 2005, une étude clinique menée auprès de 620 patients a démontré un effet positif dans l’hypertrophie bénigne de la prostate (réduction de la taille des fibromes, de la fréquence mictionnelle et des taux hormonaux). Cela laisse un bon espoir pour le futur de ces messieurs !
Ses usages en cuisine
Si vous avez un jardin équilibré, l’ortie s’invite toute seule. Elle est sans gène et peut même se montrer particulièrement invasive. Mais cette petite sauvageonne est tellement utile, qu’elle en devient un incontournable du jardin.
Essayez de la conserver dans un endroit où elle ne gêne pas les plantes d’ornement. Si vous ne souhaitez pas avoir de semis intempestifs, ne la laissez pas monter en graines.
Au jardin, les feuilles en trop peuvent aller enrichir la vie du compost. Ses tiges robustes peuvent servir de paillage (sans fleurs et sans graines !); Son amour piquant est exclusif et si vous en mettez une poignée au fond des trous de plantation des tomates, poivrons ou aubergines, ou bien sous forme de purin, elle les protégera du mildiou ou d’autres invasions de maladies et ravageurs. Ce n’est pas un remède miracle, mais bien une aide précieuse pour le jardin.
La cueillette pour consommation début au printemps et se poursuit jusqu’à l’arrivée de l’hiver. L’idéal c’est véritablement au printemps, avant la montée en fleurs. On cueille de préférence les jeunes feuilles, sur les 5 – 6 derniers centimètres. Vous pouvez ensuite rabattre les tiges au ciseau à 5 cm du sol pour que de nouvelles pousses apparaissent (et vous permettent de refaire une récolte 15 jours après).
Dans l’assiette, l’ortie fait des merveilles ! Elle peut être consommée en grande quantité sans risques d’over-doses. Je le redis ici, mais elle est riche en protéines, en fer, silice, calcium, potassium, phosphore, magnésium et en vitamines A et C. Sa forme teneur en minéraux la préserve et elle ne perd rien de ses qualités au séchage. Les recettes sont infinies : sèches en condiment, crues en pesto ou en salade, cuites en soupe, tarte, cake, gratin, quiche, flan… Ne vous en privez pas !
Quelques idées de recettes:


Des sources de référence : - Chrubasik S, Shvartzman P. Rheumatic Pain Treatment with Stinging Nettle (URTICAE FOLIUM/HERBA). Coherence 1/99. - Obertreis B, Giller K, Teucher T, Behnke B, Schmitz H. Anti-inflammatory effect of Urtica dioica folia extract in comparison to caffeic malic acid. Arzneimittelforschung. 1996 Jan;46(1):52-6 - Mehmet Kanter, Omer Coskun, Mustafa Budancamanak. Hepatoprotective effects of Nigella sativa L and Urtica dioica L on lipid peroxidation, antioxidant enzyme systems and liver enzymes in carbon tetrachloride-treated rats. World Journal of Gastroenterology, 2005;11(42):6684-6688 - Bnouham M, Merhfour FZ, Ziyyat A, Mekhfi H, Aziz M, Legssyer A. Antihyperglycemic activity of the aqueous extract of Urtica dioica. Fitoterapia. 2003 Dec;74(7-8):677-81 - Bijan Farzami, D. Ahmadvand, S. Vardasbi, F. J. Majin, Sh. Khaghani. Induction of insulin secretion by a component of Urtica dioica leave extract in perifused Islets of Langerhans and its in vivo effects in normal and streptozotocin diabetic rats. Journal of Ethnopharmacology, Volume 89, Issue 1, November 2003, Pages 47-53 - Mittman P. Randomized, double-blind study of freeze-dried Urtica dioica in the treatment of allergic rhinitis. Planta Med. 1990 Feb;56(1):44-7 - Safarinejad MR. Urtica dioica for treatment of benign prostatic hyperplasia: a prospective, randomized, double-blind, placebo-controlled, crossover study. J Herb Pharmacother. 2005;5(4):1-11. - Balades gourmandes, reconnaître cueillir et cuisiner les plantes sauvages. Noémie Vialard. ed Delachaux et nestié - 55 plantes médicinales dans mon jardin, les cultiver, les réco